Feuille d’informations – du 27 juin au 3 juillet 2021

Aimer

Aimer ne s’obtient ni à la force de la volonté, ni en le voulant très fort. La volonté n’est pas absente dans l’amour, mais elle entre à l’intérieur d’un processus décrit par Jésus. A l’origine se trouve le Père qui est la source de tout amour. Le Christ parce qu’il est en premier aimé du Père et se laisse rejoindre par lui peut ensuite se tourner vers les hommes afin de les faire entrer dans cette relation. De notre côté c’est dans la mesure où nous nous laissons aimer par Jésus que nous pouvons « nous aimer les uns les autres. »  

L’appel du Christ à notre égard est donc de nous laisser aimer pour entrer dans un amour plus grand et pouvoir nous donner. « Laissez-vous aimer afin que je puisse vous permettre d’entrer dans l’amour du Père. » Il n’est également pas question ici d’une morale, d’un impératif qui nous enjoindrait de nous laisser aimer : « Il faut que je me laisse aimer. » Le christianisme est l’attachement à une personne Jésus-Christ qui en nous faisant toucher l’amour peut nous montrer son exigence. C’est une relation amoureuse qui conquiert notre âme et permet que nos résistances intérieures tombent.  « L’amour du Christ nous saisit lorsque nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous sont passés par la mort. » Ainsi, saisis par l’amour du Christ nous donnerons notre vie dans un prolongement logique. 

Ce que nous propose le Christ dans notre vie, c’est d’entrer dans ce grand mouvement. Cela n’a rien d’un appel à un volontarisme effréné. L’homme, en se laissant aimer par le Christ, rentre dans ce premier mouvement qui lui permet ensuite d’aimer ses semblables ; il reconnaît qu’il n’est pas l’origine de l’amour. Il professe comme le Baptiste qu’il n’est pas le Christ, c’est-à-dire que la source de cet amour se trouve dans le Père. Par cet acte, nous désignons l’Agneau comme le canal qui nous permet d’entrer dans l’amour divin qui jaillit de la relation entre le Père et le Fils. Nous sommes appelés à recevoir ce flux sanguin qui coule de la source paternelle en nous laissant aimer par Jésus, en nous attachant toujours plus intimement à la personne du Christ. S’attacher, se lier à Jésus-Christ pour goûter aux trésors paternels, voici notre appel. 

Ainsi, se laisser aimer implique une question de positionnement. C’est dans la mesure où nous serons bien positionnés vis-à-vis de Dieu que nous pourrons être bien placés vis-vis des autres. Le Christ se positionne dans l’axe de la source paternelle et peut ainsi se placer dans l’axe des hommes et de la croix. Nous sommes entraînés à nous placer dans l’axe du cœur du Christ afin de vivre de l’unique source qui coule du sein du Père. Dans la mesure où nous prenons cette place, nous pouvons être remplis par cette source d’amour et ensuite nous tourner vers les hommes pour nous donner. Cette place, elle est à découvrir et nous sommes invités à y demeurer. Toute liberté s’engage dans le fait de « demeurer » dans cette station au pied de la croix, dans l’axe du cœur du Christ tourné vers le Père. Notre conversion personnelle s’engage par le choix de nous placer et de nous replacer sous le cœur de Jésus. C’est dans la mesure où nous demeurons dans cet amour que nous pourrons nous donner aux autres. Le mouvement de l’amour est ici : dans l’alternance entrer la contemplation tournée vers le Christ et l’action de nous tourner vers les autres. 

Demandons au Seigneur d’accepter de nous laisser aimer par lui en nous plaçant sous la source paternelle et en y demeurant. Amen. 

Abbé Henri Beaussant +