Feuille d’informations – du 21 au 27 mai 2023

« … Glorifie-moi ! … »

Si l’un d’entre nous, dans sa prière, demandait à Dieu de le glorifier, nous le trouverions bien prétentieux… Surtout s’il présentait cela comme un droit et une récompense. Le Christ, lui seul, peut se prévaloir, d’une part, de retrouver la Gloire qu’il avait auprès du Père avant que le monde existe, d’autre part, d’avoir accompli sur terre l’œuvre que le Père lui avait donné à faire.

Pourtant nous sommes bel et bien concernés par cette glorification. Certes le Christ est le Fils unique de Dieu, et, à lui seul, sont dus la gloire et l’honneur. Mais si le Fils s’est incarné, s’il est venu habiter parmi nous, n’est-ce pas pour que sa gloire rayonne sur nous ? En retournant auprès de son Père céleste, le Christ ne nous abandonne pas, nous dit-il. Non seulement il s’engage à être avec nous jusqu’à la fin des temps ; non seulement il nous promet de nous donner l’Esprit-Saint ; mais surtout, il nous introduit auprès de son Père dans la gloire. Cela concerne les baptisés, en tout premier lieu. Mais la voie est bien ouverte pour tous les hommes.

Voyez-vous où je veux en venir ?

Peut-être que certains voudrons déduire de ces remarques que  le catéchisme, l’Évangélisation et la mission ne servent plus à rien puisque tous les hommes sont sauvés : tout a été dit et il n’y a plus rien à faire.

Que nenni ! Ce n’est pas du tout là que je voulais en venir.

Rappelons-nous que l’homme est créé à l’image de Dieu. Ce qui est déjà extraordinaire. Mais ce n’est pas tout : Dieu s’est fait homme. Ainsi la condition humaine se trouve élevée à une dignité que beaucoup de nos contemporains semblent oublier. Certes toutes les créatures de Dieu sont aimées de lui. Le seul motif de l’œuvre de la création est l’amour. Mais l’homme tient, dans la création, une place toute particulière. Nous pourrions même dire que tout est créé en vue de la création de l’homme. Et cette place éminente de l’homme, n’est pas seulement dans ce monde-ci et dans le temps, elle est éternelle dans le monde à venir où le projet de Dieu sera pleinement accompli. Par le Christ, l’humanité tout entière, et chaque homme en particulier, est appelé à la gloire divine. Cela implique un respect inconditionnel de tout ce qui concerne notre humanité : la vie humaine dans tous ses états, depuis la conception jusqu’à la mort, mais aussi tout le corps lui-même, vivant ou mort, et même un organe humain détaché du corps. Cette dignité humaine intrinsèque est le fondement nécessaire de tout réflexion d’éthique médicale.

Il est bien possible que nous ne puissions pas utiliser n’importe laquelle de ces expressions pour argumenter dans le débat public. Pourtant le principe même de la dignité humaine est bien reconnu dans toutes les cultures qui ont des pratiques funéraires, qui traitent différemment les hommes des autres êtres vivants, etc. Le simple bon sens reconnaît à l’homme une dignité sans égale dans l’univers. Alors ne nous laissons pas entraîner par le discours de certains de nos contemporains qui ne reconnaissent pas la dignité intrinsèque de toute personne humaine, mais qui limite cette dignité à des conditions d’âge, de santé, de prétendue autonomie, ou que sais-je encore.

Oui, en Jésus, Dieu a glorifié l’homme, il nous a glorifiés. Ne nous laissons pas contester cette gloire que le Christ nous a acquise définitivement.

 

Père Vincent Bellouard