Feuille d’informations – du 10 au 16 septembre 2023
Va trouver ton frère
Nous entendrons dans l’évangile ce dimanche l’enseignement de Jésus sur la manière dont doivent se vivre les relations fraternelles au sein de la communauté chrétienne. Un des aspects les plus saillants de cet enseignement est celui qui concerne la correction fraternelle. Il s’agit d’aller avertir son frère, s’il vient à pécher, une fois, deux fois, et, s’il le faut, une troisième fois, en présence de toute la communauté chrétienne, afin qu’il change son comportement. Et s’il refuse, « considère-le comme un païen et un publicain ».
Il faut bien reconnaître que cet enseignement est difficile pour nous à accepter. Il heurte de front notre désir d’autonomie. Ce sont pourtant les paroles de Jésus. Et Jésus veut notre bien, et même notre bien véritable, qui est notre salut.
Il nous faut prendre la mesure de ce que signifie appartenir à la communauté chrétienne. Ce passage d’Evangile (Mt 18,17) est le seul de tous les Evangiles (avec Mt 16,16) où apparaît le terme d’Eglise. C’est Dieu qui rassemble l’Eglise : quand deux ou trois sont réunis « au nom du Christ », Il est là au milieu d’eux. Et notre appartenance à l’Eglise doit se traduire concrètement.
D’abord dans notre lien avec l’Eglise en tant qu’institution, rassemblée par les évêques unis au Pape. L’Eglise est en droit de nous dire comment vivre en chrétiens en ce monde. Ce n’est pas l’enfant qui dicte à sa mère quelles sont les conditions de la vie familiale, c’est la mère qui apprend à l’enfant comment trouver sa place dans la famille. Il se peut que l’Eglise, notre mère, nous donne un enseignement qui nous heurte. Voyons-y plutôt un appel à la conversion et le moyen de grandir sur le chemin de la sainteté.
Ensuite, dans nos rapports les uns avec les autres. Les mesures commandées par Jésus nous semblent exigeantes. Mais c’est l’exigence de la charité, de l’amour fraternel. Il s’agit d’aller trouver non pas un individu coupable, mais un « frère ». Jésus nous apprend finalement à prendre très au sérieux les relations fraternelles. Nous ne pouvons regarder passivement nos frères se perdre. Bien sûr, ils doivent toujours garder leur liberté, et nous n’avons en aucun cas le droit de violenter la conscience de quiconque. Mais il n’y a pas de liberté si l’on n’est pas dans la vérité. Et nous avons le droit et le devoir de nous entraider fraternellement à avancer à la suite du Christ, jusqu’à nommer le mal quand il se commet. Parler en vérité à un frère, est une expression de l’amour authentique. D’ailleurs, les trois étapes recommandées par Jésus traduisent cette délicatesse et cette charité qui donne au frère le temps de comprendre et de s’amender.
Nous avons gagné, sûrement, dans le respect de l’autonomie. Mais il ne faudrait pas que cette autonomie nous isole. Il ne faudrait pas qu’elle nous rende indifférents les uns aux autres. Positivement, l’enseignement de Jésus nous pousse à nous reconnaître membres d’un même corps, une même famille, l’Eglise, et à avoir un regard vraiment fraternel les uns sur les autres.
Que l’Esprit Saint, en ce début d’année, nous en fasse la grâce.
Père Henri de l’Eprevier