Feuille d’informations – du 13 au 19 novembre 2022
Demeurer dans le Seigneur
« Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu », nous accueillons cette promesse de Jésus dans un contexte qui semble illustrer le chaos annoncé un peu avant, dans le passage d’Evangile de ce dimanche. Nous pouvons être légitimement ébranlés par de nouvelles révélations d’actes scandaleux commis par des clercs, alors qu’à chaque fois on pense avoir atteint le fond. Nous pouvons être légitimement inquiets face à la dislocation du tissu social et les multiples violences qui se multiplient. Pourtant Jésus ose nous inviter à ne pas être terrifiés, mais n’entendons pas cela comme une injonction à ne pas être atteint par les difficultés et les scandales ou de les prendre à la légère. Ne nous décourageons pas pour continuer à participer à l’édification d’une Église vivante et à la construction d’une société plus juste. Dans cette édification de l’Eglise vivante, Jésus nous invite à ne pas avoir peur car si nous vivons en sa présence que pourrait-il nous arriver ?
Peut-être connaissez-vous cette anecdote de la vie de Mère Teresa. Ses sœurs de la Charité se plaignent de la quantité de travail, de visites toujours plus importantes et de la hausse des demandes. Elles n’en peuvent plus, alors qu’elles ne dorment que 5 à 6 heures par nuit. Et la réponse de mère Teresa : « Eh bien, pour pouvoir répondre à toutes ses sollicitations, il va falloir que l’on prie une heure de plus. » Plus nous sommes sollicités, plus pour résister, il faut avoir une âme en béton. On résiste aux attaques extérieures par le renforcement de notre intérieur. Plus je travaille, plus il faut que je prie ; plus je fais de choses, plus il faut que je prenne du temps avec Dieu. Plus je suis dans une situation compliquée, ou critiquée, plus il faut que je remette cela entre les mains de Dieu. Voilà la transformation que nous propose Jésus, laisser tomber les façades soumises aux intempéries pour bâtir notre intérieur ouvert à l’éternel amour de Dieu. Ne craignons pas nous plus de dire notre colère et notre révolte au Seigneur dans la prière, trop souvent, comme disait saint John-Henry Newman, nous ne mesurons pas assez qu’il faut « Passer de la crainte de lui déplaire au désir de lui plaire. » Nous ne déplairons pas à Dieu si nous nous présentons devant lui tel que nous sommes même avec nos découragements et nos dégoûts. C’est dans cette intériorité renforcée que nous nous rapprocherons toujours plus du Seigneur et que nous pourrons accueillir ce langage et cette sagesse qu’il nous donne, une sagesse « à laquelle tous [nos] adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer ». Cette sagesse c’est la croix, folie et scandale pour certains mais véritable langage de Dieu.
Devant ce qui nous révolte ou nous dépasse, unissons-nous à Jésus et si nous ne savons pas quoi dire, acceptons d’abord de demeurer dans le silence face la croix. « Stat crux dum volvitur orbis », nous enseignent les moines chartreux, « la croix demeure tandis que le monde tourne ».
Abbé Sébastien Courault