Feuille d’informations – du 14 au 20 novembre 2021
« L’été est proche »
Il faut bien l’avouer, les mots, le langage nous déroutent. L’évangile de ce dimanche, en effet, est écrit dans un langage déroutant.
Pour autant la fin du monde dont parle Jésus n’est pas une catastrophe, si peu une catastrophe qu’au milieu de ces visions apocalyptiques, Jésus fait se lever le printemps : « Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. » Le Fils de l’Homme viendra donc apporter le Salut comme le printemps du monde.
On est loin de la mine défaite des prophètes de malheur. Ce qu’ils disent est un contre-sens sur l’Evangile. D’ailleurs, chaque fois que nous entendrons l’Evangile comme une parole menaçante, attristante, destructrice, il y aura un contre-sens quelque part. L’Evangile est Bonne Nouvelle, bonheur pour le monde.
Le message de cet évangile n’est donc pas une menace, c’est même un message pour aujourd’hui. Le Christ a donné sa vie pour hâter la fin d’un monde, de haine, de mort et de péché et pour que commence un monde nouveau. La résurrection de Jésus est l’anticipation de ce monde nouveau. Et les siècles qui suivront verront se réaliser, lente mais inéluctable, l’éclosion d’une humanité nouvelle, ce que Jésus a appelé le Royaume de Dieu. « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous »,dit Jésus.
Mais, vous me direz, « où le voyez-vous ce monde neuf ? » Nous voyons d’abord le mal et les conséquences du mal, nous voyons au grand jour l’immense souffrance des victimes d’abus sexuels et il semble impossible de voir autre chose.
Mais il ne faudrait pas que cette lucidité sur le mal étouffe une autre lucidité. Ouvrons les yeux, ce monde nouveau existe partout où des hommes et des femmes s’obstinent à aimer malgré toutes les grimaces du mal aux mille visages. Ce monde de fraîcheur existe, cette terre d’amour existe. L’espérance évangélique n’est pas un déni de la réalité ou une fuite utopique dans un monde enchanté. L’espérance, elle nait dans le mystère pascal du Christ, cette parole qui ne passe pas et qui l’emporte sur toute forme de désespérance c’est la l’acte d’amour prononcé et accomplit par Jésus sur la croix.
La parole qui fonde l’espérance est d’abord l’acte de Jésus qui donne sa vie. Partout où nous relayons cette parole, nous faisons reculer le mal. La vie quotidienne est le premier lieu dans lequel nous pouvons nous donner, dans nos relations familiales, professionnelles, associatives, paroissiales, quand nous donnons un peu de temps, quand nous nous décentrons de nos propres intérêts, quand nous sortons de nos habitudes pour être attentifs aux autres nous laissons éclore les bourgeons qui deviennent des feuilles tendres.
abbé Sébastien Courault+