Feuille d’informations – du 19 au 25 juin 2022
« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme […]
vous n’avez pas la vie en vous » Jn 6,53.
Chaque jour l’Eucharistie est célébrée un peu partout dans le monde. Cela a commencé il y a deux mille ans, à Jérusalem, l’avant-veille d’un jour de Shabbat, qui, cette année-là était aussi la célébration de la Pâques juive. C’était probablement le jeudi 6 avril de l’an 30, selon le calendrier que nous utilisons aujourd’hui. Au cœur de ce repas festif de la Pâques, qui est un vrai repas, Jésus a institué un autre repas, symbolique celui-là, dont la portée dépasse infiniment les apparences visibles. Je dis que ce repas est symbolique, parce que les aliments reçus à la table de la Pâque juive, qui sont réellement nourrissants pour le corps, sont le signe de la véritable nourriture qui demeure cachée. Et aujourd’hui le morceau de pain que les chrétiens sont invités à manger, est toujours un aliment, mais il n’est pas suffisant pour constituer un repas.
Je ne veux à pas parler ici des quelques saints qui, de manière miraculeuse, ont pu vivre des années sans absorber d’autres aliments que ce tout petit morceau de pain qu’est l’hostie. Pour le commun des hommes le pain eucharistique n’est pas un repas nourrissant pour le corps. Pourtant il s’agit vraiment d’un repas.
Loin de moi de vouloir transformer la messe en une comédie de repas partagé.
Lors de la multiplication des pains, Jésus a demandé à ses disciples de nourrir eux-mêmes la foule. Ils ont reconnu qu’ils en étaient incapables. Pour autant, le Seigneur s’est quand même servi de ce qu’ils apportaient, cinq pains et deux poissons, pour donner à manger à toute l’assemblée. Le but étant d’annoncer aux disciples ce que serait le repas Eucharistique où la nourriture n’est pas faite de main d’homme. Ainsi, dans le rite de l’offertoire, nous sommes invités à apporter quelque chose, et quelque chose de nous-mêmes. Mais l’Eucharistie n’a rien à voir avec un « repas tiré du sac ». Nous sommes invités à participer activement, mais ce que nous recevons dépasse infiniment ce que nous apportons. La nourriture que Jésus veut donner n’est pas celle que les disciples ont apportée, même si la nourriture que Jésus donne se cache sous l’apparence de celle qui a été donnée par les participants.
Celui qui nous partage le repas c’est Dieu lui-même. Non seulement il nous donne à manger, comme lors de la multiplication des pains, mais il se donne lui-même à manger, il est la nourriture. Et cette nourriture est absolument nécessaire. Si les aliments sont nécessaires pour vie notre corporelle, l’Eucharistie est vitale pour notre vie spirituelle. Nous ne pouvons pas être vraiment chrétiens si nous ne mangeons pas la chair du « Fils de l’Homme ». La vie divine, que nous recevons lors du baptême, mourra d’inanition si nous ne la nourrissons pas avec le pain venu du Ciel : le Corps du Christ lui-même.
Ce dimanche, notre assemblée dominicale sera suivie d’un repas partagé. Nous y partagerons de vrais aliments. En même temps nous nourrirons la vie fraternelle de notre communauté paroissiale. Il reste à souhaiter que cela fasse de nous des témoins crédibles que la vraie nourriture, celle qui demeure pour la vie éternelle, mais qui est déjà disponible dans l’Eucharistie, est absolument nécessaire.
Père Vincent Bellouard