Plus savoureuse que le miel
Feuille d’infos paroissiales – FIP du 24 janvier 2021
Un contresens majeur range la religion chrétienne dans cette catégorie des religions du livre or il n’en est rien ! Nous ne sommes pas une religion du livre mais une religion de la Parole. C’est la venue du Christ dans notre monde qui permet ce passage du livre à la Parole, au Verbe. Dans le Christ la Parole de Dieu n’est plus seulement contenue dans un livre mais elle une Parole de la chair pour la chair, une Parole toujours actuelle et qui s’adresse à nous personnellement. Regardons comment la liturgie rend sensible cette réalité. À la fin de la proclamation de l’évangile, le diacre ou le prêtre dit « acclamons la Parole de Dieu » et l’assemblée répond en s’adressant directement au Christ: « louange à toi Seigneur Jésus ». La liturgie opère alors ce changement fondamental, le récit devient Parole mais une Parole que nous acclamons comme le Christ lui-même, une Parole dans laquelle nous reconnaissons la présence du Christ.
Pour autant, cette expérience sensorielle que la liturgie nous propose de vivre n’est pas si évidente à nos esprits parfois trop intellectuels. Il suffit de constater la tentation dans laquelle peuvent tomber les prédicateurs quand nous faisons davantage une explication de textes qu’une homélie ou la tentation dans laquelle nous tombons tous d’étudier un texte biblique comme on le ferait en cours de français. Loin de moi l’idée qu’il ne faut pas avoir recours à des analyses rigoureuses et précises des textes bibliques mais ces analyses et ces explications doivent être au service d’une rencontre vivante avec la Parole de Dieu, surtout dans la liturgie.
C’est justement cette rencontre vivante avec la Parole de Dieu que le concile Vatican II a voulu souligner dans ce très beau texte sur la révélation divine: Dei Verbum. « Le Dieu invisible s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis, il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. » (DV II) Dans son exhortation sur la Parole de Dieu, le pape émérite Benoit XVI insistait sur l’idée majeure que le Verbe n’existe pas seulement à partir de la naissance du Christ mais le Verbe est de toujours à toujours comme le prologue de l’évangile de saint Jean nous le fait contempler. Cela nous permet de prendre conscience que le principe même de Dieu c’est de communiquer, de se communiquer.
Célébrer plus particulièrement la Parole de Dieu un dimanche par an comme nous y invite désormais l’Eglise, ce n’est donc pas seulement mettre à l’honneur une Parole mais c’est reprendre conscience que Dieu nous parle pour nous maintenir en communion avec lui. Une Parole que nous lisons pour qu’elle nourrisse notre âme et notre intelligence mais aussi une Parole qu’il nous faut écouter pour pouvoir entendre Dieu nous dire son amour. Une Parole que nous accueillons en Eglise pour nous aider mutuellement à l’accueillir comme une Parole vivante qui nous rejoint dans le quotidien de notre vie. Une Parole qui n’est pas seulement une parole de sagesse qui nous aide ou nous encourage mais une Parole qui est un véritable appel de Dieu à entrer dans sa communion d’amour.
Abbé Sébastien Courault