Feuille d’informations – du 26 mars au 1er avril 2023
En lui nous avons la Vie
En ce 5e dimanche de Carême, l’évangile de la résurrection de Lazare (Jn 11,1-45) nous fait parvenir comme à un climax : celui de la tension qui va conduire Jésus jusqu’à son arrestation et à son procès, mais aussi celui de notre Carême qui nous fait regarder maintenant plus précisément vers les jours de la Passion. Il s’agit avant tout du sacrifice qui nous rend la vie. C’est d’abord par la bouche du prophète Ézéchiel que nous l’entendons : « je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple ». Cette promesse, Marthe la connaît bien, elle qui confesse devant Jésus sa foi dans la résurrection au dernier jour. Mais voilà que cette espérance devient concrète avec Jésus : « Moi je suis la Résurrection et la Vie ». Et Saint Paul d’affirmer aux premiers chrétiens : « si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ».
Oui, la vie chrétienne est un passage de la mort à la vie. « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » dit Thomas qui pressent que la montée à Jérusalem sera fatale pour Jésus. Thomas a sans doute raison malgré lui : mourir avec lui pour vivre avec lui ! Le Christ Ressuscité nous fait continuellement passer de la mort à la vie (cf. Jn 5,24), de la précarité de notre condition présente à l’immortalité de la vie bienheureuse. Voilà tout l’objet des sacrements : trois catéchumènes adultes recevront dans la nuit de Pâques cette vie nouvelle après avoir confessé leur foi dans le Christ. Nous-mêmes, nous tâchons de vivre la nouveauté de notre baptême en recourant au sacrement de la pénitence et de la réconciliation, et en nous nourrissant du Pain de Vie. Et régulièrement nous pouvons nous demander : comment cette vie eucharistique se communique-t-elle dans ma vie quotidienne ? Dans ce que je dis, dans ce que je fais, dans ma manière d’être en relation, de discerner le bien ?
Passer de la mort à la vie. Voilà pourquoi l’esprit chrétien se refusera toujours à accepter l’idée d’une aide active à mourir. La question est plutôt : comment peut-on développer une aide active à vivre pour tous ceux qui en ont cruellement besoin ? Le monde de l’entreprenariat sait bien que la contrainte stimule la créativité, l’ingéniosité. De la même façon, la limite du « tu ne tueras pas » peut devenir le creuset d’un surcroit de fraternité et de solidarité. Soins médicaux bien sûr, simplicité de la présence qui manifeste l’amour, visiteurs bénévoles qui accompagnent, confiance dans la relation aux soignants… mais aussi le temps pour entendre à nouveau cette Parole : « Moi je suis la Résurrection et la Vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». Et recevoir les sacrements de la vie éternelle.
Oui, le Christ nous appelle à sortir de nos tombeaux : « l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. » Que nous soyons Marthe, Marie, ou même Lazare, le Christ nous parle, il nous appelle à la vie.
Père Louis Thiers