Feuille d’informations – du 3 au 9 mars 2024
Livret de carême avec Saint François de Salles
Le temple de Dieu est sacré
En ce dimanche, nous voyons Jésus bousculer les tables des changeurs et des marchands de colombes du Temple de Jérusalem. Il se fait un fouet avec des cordes et renverse leurs installations envahissantes. Non pas parce que l’exercice d’une activité commerciale lui serait insupportable – pour offrir un sacrifice au Temple, il fallait bien acheter les animaux du sacrifice, comme ses parents le firent au moment de sa naissance (Lc 2,24) – mais parce que les changeurs et les marchands avaient fini par occuper toute la place, au point d’empêcher la prière pour laquelle le Temple était construit.
La scène devait être haute en couleurs. Jésus renversant les tables avec les pièces de monnaies ! Nous pouvons l’appliquer à nous-mêmes. Saint Paul applique l’image du Temple à notre vie. « Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous » (1 Co 3,17). Il y a bien dans notre vie des sujets, certes légitimes, mais qui nous préoccupent au point de nous faire oublier l’essentiel – de nous faire oublier que nous sommes le temple où Dieu habite. Il faut demander en ce temps de Carême à Jésus d’entrer dans notre vie avec un fouet de cordes, et de chasser tout ce qui nous encombre et nous détourne de notre vocation propre. Le pape François disait aux jeunes, pendant les JMJ à Lisbonne cet été : « Mettez la pagaille ! Je veux que nous nous défendions de tout ce qui est mondain, de tout ce qui est installation, de tout ce qui est fermeture sur nous-mêmes ». Oui, puissions-nous mettre la pagaille dans nos pensées mondaines pour retrouver l’essentiel : la louange de Dieu, et la charité fraternelle dans le service de nos frères.
Retrouver l’essentiel, retrouver la dignité que Dieu nous donne en faisant de nous, de chacun de nous – les bien-portants, et les plus fragiles – son temple.
Si chaque personne porte en elle cette dignité, il faut que chacun de nous puisse la reconnaître en lui-même, mais aussi chez les autres, y compris les plus fragiles. Notre société s’est organisée dans un souci légitime de la défense des droits individuels, au point d’oublier leur portée sociale, particulièrement en ce qui concerne la défense des plus fragiles. On finit par ne plus voir les liens de solidarité qui nous constituent. Les enfants à naître sont les premiers concernés. Ils sont dans une situation de totale vulnérabilité. Ce n’en sont pas moins des personnes. Et si la société ne protège pas leur droit de vivre, personne ne le fera. C’est ce que les évêques de France ont souligné lors du débat sur l’euthanasie. Et cela se vérifie encore aujourd’hui à propos de l’avortement. Ils ont exprimé ce jeudi dans un communiqué leur tristesse en apprenant le vote par les sénateurs du texte de révision constitutionnelle inscrivant dans la Constitution la garantie de la liberté d’accès à l’avortement. « En pensant à celles et ceux qui envisagent de recourir à l’avortement, notamment aux femmes en situation de détresse, la CEF redit que l’avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. Elle regrette que le débat engagé n’ait pas évoqué les dispositifs d’aide à celles et ceux qui voudraient garder leur enfant ». C’est un défi, pour notre société, de mieux accompagner les femmes qui vivent une grossesse non désirée, et se trouvent parfois dans des situations de grande détresse. Un défi aussi d’accueillir et de protéger la vie dès sa conception.
Que la situation extrêmement grave que nous connaissons en ce moment nous pousse à prier pour les législateurs de notre pays, et à témoigner de la beauté de toute vie humaine, porteuse d’une dignité inaltérable, parce que fondée en Dieu.
Père Henri de l’Eprevier