Il est la clé.
Feuille d’infos paroissiales – FIP du 31 janvier 2021
S’il le Christ est roi, la tradition nous le désigne aussi sous le nom de clé de David car il est celui qui permet d’entrer dans les parvis divins. « O clé de David, ô sceptre d’Israël, tu ouvres, et nul n’ouvrira : arrache les captifs aux ténèbres, viens, Seigneur, viens nous sauver » (tirée de : Ap 3,7; Is 22,22). Le Christ est celui qui vient nous ouvrir la compréhension des Ecritures, puisqu’elles sont clés de compréhension de notre histoire personnelle à travers l’Histoire du peuple Saint. Il se donne à nous comme une clé que nous recevons entre nos mains et dont nous pouvons user. Nous la regardons, nous apprenons à nous en servir pour petit à petit déverrouiller les portes fermées de notre être. Il est ce Roi, cette clé qui nous sort de nos ténèbres intérieures, qui nous permet comme un être prisonnier dans l’obscurité, en attente de son sauveur, d’apercevoir le rayon de lumière lui permettant de retrouver sa route. Le sauveur à venir est la clé qui nous permet d’entrer au fond de notre histoire personnelle.
La clé est donc entre nos mains et nous avons la possibilité de l’utiliser. Le Christ se livre entre nos mains. Dieu vient à nous, il nous touche mais il nous appartient de nous saisir de sa venue jusqu’à nous. L’instrument que nous tenons dans nos mains, aussi important soit-il, nous pouvons l’utiliser ou le laisser de côté. Le Christ nous appelle à nous mettre en mouvement. Aussi grandes soient les manifestations de Dieu dans nos vies, il nous est laissé le choix de nous en saisir, de les intérioriser. Lorsque Dieu ouvre, avec notre consentement, la porte de notre cœur, il nous revient de faire grandir dans le temps cette rencontre, d’oser nous laisser déplacer, de choisir de consacrer du temps à cette relation essentielle de notre vie. Une nouvelle fois, nous constatons que l’homme n’est pas un pantin passif entre les mains de Dieu : il est poussé à avancer. L’engagement de l’homme est sous-entendu dans l’image de la clé qui ne peut-être détachée de celle de la porte. La porte est un des lieux de la rencontre dans la Bible (Jb 29,7). C’est là où se jouera aussi le dernier face à face de notre vie devant les portes de la Jérusalem céleste. C’est là que nous pourrons aller au bout du mouvement qui aura été celui de notre vie : chercher sans relâche sa présence.
Or, si le Christ, clé de l’Histoire, a été forgé dans le sein de cette vierge dont nous parle l’Ecriture, la forme qu’il a prise, les caractéristiques humaines qui sont les siennes ont été reçues de sa mère. Nous ne pouvons considérer que la Vierge Marie est un simple instrument au service du projet divin. Si elle est « la servante du Seigneur », elle l’est dans un engagement actif de toute sa personne. De la même manière que les auteurs des écrits divins transmettent le message divin à travers ce qu’ils sont, la Vierge Marie livre Jésus aux hommes en le marquant de sa personne.
Si le Christ est la clé qui nous ouvre à la vérité de notre vie, qu’il a reçu sa forme de la Vierge Marie, nous sommes également appelés à donner une forme unique à cette clé que nous portons et mûrissons en nous. Le Christ prend les traits de notre visage. Il ne s’impose pas de manière tyrannique à notre être, il désire se lier à nous pour être offert aux hommes. Nous lui donnons des traits uniques si bien que nous portons également au monde cette clé avec ce que nous sommes.
Abbé Henri Beaussant +