Feuille d’informations – du 5 au 11 mai 2024
Le critère de l’amour pour une fraternité authentique
« Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui ». Les textes de la liturgie de ce dimanche continuent de nous manifester l’ampleur de la révélation-révolution de la Résurrection. « Dieu est amour » : voici ce que révèle le mystère de Pâques. « Demeurez en mon amour » : Dieu veut que cet Amour nous soit communiqué, il veut se communiquer à nous ! La célébration des sacrements en est à la fois la preuve tangible, et le lieu de cette communication effective, « pour que nous vivions » et « portions du fruit ». Le mystère chrétien est mystère de vie et d’amour accueilli : « c’est Toi qui donnes la vie, c’est Toi qui sanctifies toutes choses » dit la prière eucharistique III.
Cette révélation de l’Amour est en même temps un critère concret pour conduire nos vies, discerner le bien à faire, pour aimer en actes et en vérité, ici et maintenant : au travail, en faisant les courses, dans les tâches ménagères, dans les discussions imprévues, etc… Elle est aussi la source d’un discernement en vue du bien commun. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Face à l’épreuve que peut constituer la fin de vie, pour la personne souffrante, pour les proches eux-mêmes, pas toujours simple de savoir comment accompagner au mieux ceux qui souffrent. Nous sommes dans une culture de la solution, du résultat et de l’efficacité technique, et nous voilà impuissants, sauf à nous tenir « là ».
Donner sa vie, donner la vie, aimer comme Jésus a aimé : l’Évangile se propose comme une lumière incomparable pour discerner ce qui est bon et juste de faire. On ne peut pas en même temps donner la vie et donner la mort. L’alternative est claire : ou bien l’on meurt de la main d’un autre, ou bien l’on meurt en tenant la main d’un autre. Il n’y a pas besoin de grand discours pour repérer où se trouve la fraternité. « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Voilà une question fondamentale par laquelle s’ouvre la dramatique biblique. En reprenant les mots de François, la récente déclaration Dignitas Infinitas rappelle que ce n’est qu’en « reconnaissant la dignité de toute personne humaine que nous pouvons faire revivre entre tous une aspiration mondiale à la fraternité » (Fratelli Tutti 8).
Supprimer celui qui souffre pour supprimer la souffrance : cette proposition est-elle satisfaisante pour la raison humaine ? pour le cœur humain ? pour le désir de fraternité ? Et pour la foi ?
Comme chrétiens, nous choisissons de laisser résonner les paroles du Christ dans nos cœurs – « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » – pour trouver les chemins nous permettant de vivre une fraternité concrète et véritable. Que le mystère de Pâques passe en nous et qu’il porte du fruit !
Père Louis Thiers