Feuille d’informations – du 6 au 12 novembre 2022
Il y avait sept frères…
La Parole de Dieu entendue ce Dimanche, dans le deuxième livre des Martyrs d’Israël et dans l’Évangile de Saint Luc, nous parle de sept frères. Dans le premier cas, il s’agit d’un récit du passé, récit historique, même s’il a été augmenté de détails pour le rendre encore plus dramatique ; dans le deuxième cas, il s’agit d’une situation imaginée par des sadducéens espérant mettre Jésus dans l’embarras avec un argument par « l’absurde ».
Le rapprochement de ces deux textes ne tient pas seulement à la mention de ce chiffre sept, mais bien au sujet de fond dont il est question : la vie éternelle et la résurrection.
Au passage nous constatons que les méthodes des contradicteurs de l’enseignement du Christ n’ont pas changé : imaginer une situation complètement improbable, ou monter en épingle un cas particulier pour en tirer un argument prétendument probant. Ici les sadducéens prétendent nourrir la réflexion en imaginant la situation d’une femme qui aurait épousé successivement sept frères en enchaînant les veuvages… Là on prétendra démontrer le bien-fondé de l’euthanasie à partir du drame de la famille Lambert ; ou l’on voudra justifier l’avortement à partir du drame d’une enfant de neuf ans enceinte de jumeaux après les viols répétés dont elle a été victime par son beau-père. Aujourd’hui comme hier, il n’est pas possible de raisonner sérieusement sur une question qui concerne l’humanité entière, à partir de cas extrêmement rares. D’une part, un cas particulier ne remet pas en cause les fondements d’une règle générale ; d’autre part, les principes dégagés par une réflexion honnête doivent s’appliquer avec discernement aux cas particuliers.
Cette remarque ne nous éloigne pas vraiment du sujet abordé par l’Évangile d’aujourd’hui, bien plus fondamentale pour notre foi et que nous affirmons chaque dimanche : la Résurrection. « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir » professe-t-on dans le symbole de Nicée Constantinople ou « Je crois […] à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. » dans le symbole des Apôtres.
La vie éternelle, la résurrection des corps, notre résurrection, ne sont pas des sujets que nous abordons dans nos conversations quotidiennes. Peut-être même que certains d’entre nous n’y pensent jamais, voire, refusent d’y penser. Pourtant le sens de notre vie se trouve radicalement changé par la perspective de notre éternité. Car, si notre vie est éternelle, elle l’est depuis notre conception, et elle n’attend pas que nous mourions pour commencer. La fin de la vie terrestre marque bien une rupture et une séparation, pourtant c’est bien la même personne qui franchit le seuil de la mort terrestre.
Dieu nous a créé pour la vie, Il nous veut vivants. La vie terrestre n’a ni plus ni moins de valeur que la vie dans le royaume de Dieu. Il serait absurde de penser que la certitude de la vie éternelle nous dispense de reconnaître la valeur de la vie présente. Nous ne pouvons nous comporter de manière inconséquente comme si la certitude que Dieu « reconnaîtrait les siens » nous donnait le droit de faire n’importe quoi durant notre vie terrestre, en attendant que la vie éternelle vienne réparer nos bêtises. Et nous devrions avoir pleine conscience que toute atteinte à la vie présente touche directement la vie éternelle créée et voulue par Dieu. Toutes les décisions que nous prenons doivent être prises en tenant compte de la dimension éternelle de notre vie humaine.
Dieu « n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
Père Vincent Bellouard