Feuille d’information 03 au 09 nov. 2024
La fête des saints, pas la fête des morts
Cette période de la Toussaint nous permet de sentir combien notre foi chrétienne est porteuse de vie.
Pour beaucoup de personnes, la Toussaint est «la fête des morts ». Cette expression n’est pas juste. Elle mélange deux réalités bien distinctes. La Toussaint, le 1er novembre, célèbre la gloire de ceux qui, bien qu’étant morts, sont aujourd’hui vivants auprès de Dieu. C’est une solennité liturgique, une sorte de « Pâques d’automne » : la splendeur du Christ ressuscité se reflète sur tous les saints du ciel. Le lendemain, 2 novembre, l’Eglise prie pour les défunts, c’est-à-dire pour tous les morts qui ont accueilli la miséricorde de Dieu, sans que nous ayons l’assurance qu’ils soient déjà dans la pleine vision de Dieu (ce qui est le cas de ceux que l’Eglise reconnaît comme saints). Ils passent par un temps d’ultime purification qui les dispose à accueillir pleinement l’Amour de Dieu dont ils vivront éternellement. C’est ce que l’on appelle le « Purgatoire ». Ce n’est pas une fête liturgique, c’est une journée de prière. Une prière pleine d’espérance, car ce temps de purification conduit à la vie éternelle.
Les saints que nous fêtons témoignent de la puissance de Dieu qui fait resplendir la Vie. Les défunts pour lesquels nous prions nous invitent à avoir beaucoup de respect face à la réalité de la mort, et à demeurer dans l’espérance. On ne « fête » pas les morts, et encore moins la mort. La Bible ne nous appelle pas à nous résigner face à la mort, ni à l’ignorer. Elle nomme les choses : Dieu n’a pas voulu la mort (Sg 2,23-24), et la mort est quelque chose de violent, de détestable. Jésus a pleuré devant le tombeau de Lazare (Jn 11,35) et devant sa propre mort (Gethsémani). Mais aussi, et surtout, il a vaincu la mort par sa Résurrection.
Il est très triste de voir revenir la « fête » d’Halloween, que l’on croyait sur le déclin. C’est une fête païenne qui nie la résurrection. Faire d’une « tête de mort » un masque destiné aux jeux des enfants n’est pas une bonne chose, ni pour les enfants, ni pour les adultes, encore moins pour ceux qui souffrent de la mort d’un proche. C’est d’une grande violence. Une tête de mort, c’est toujours la tête de quelqu’un. On ne rit pas de la mort de quelqu’un. On n’apprivoise pas la mort non plus. Jésus n’a pas cherché à apprivoiser la mort. Il n’en a pas fait un masque. Au contraire, il l’a démasquée, et il est venu la vaincre en l’assumant lui-même et en ressuscitant. Il est regrettable que le spectacle qui nous soit donné dans la rue et dans les vitrines en ce temps de la Toussaint soit si triste et si monotone : des sorcières, des fantômes et des squelettes. La joie simple et lumineuse dont témoignent les saints serait donc interdite ?
Les chrétiens se rendent-ils compte du trésor dont ils sont porteurs ? Ont-ils conscience qu’ils ont reçu en dépôt «la joie, toute la part de joie réservée à ce monde » dont parlait Bernanos ? Et qu’ils ont à témoigner de l’espérance ? Ils ont à témoigner de la beauté de la vie en ce monde, malgré tout ce qui la blesse et la défigure. Ils ont à témoigner de la beauté de la Vie du Christ ressuscité, à laquelle tous nous sommes appelés, et dont les saints sont les témoins.
Il est réjouissant de déguiser les enfants. Mais déguisons-les en saints. D’ailleurs, les saints permettent beaucoup plus de créativité que des déguisements de sorcières ou de squelettes. Et ce sera beaucoup plus joyeux pour tous. Du reste, la joie chrétienne n’est pas un déguisement, elle est la force d’une vie transformée par la grâce. Que cette joie nous habite et transparaisse dans notre vie de chaque jour !
P. Henri de l’Eprevier
Curé