Feuille d’information 10 au 16  nov. 2024

Tout ce qui brille n’est pas d’or

Une mise en garde de Jésus

Jésus dénonce ce que le pape François désigne comme « la mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Eglise,  et qui consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien être personnel » (La Joie de l’Evangile n°93). En apparence l’attitude des scribes peut paraître tout à fait louable et attirante pour celui qui recherche sincèrement les voies de Dieu et qui se réjouit de la présence de la dimension religieuse dans sa vie. Cela répond à une forme de convenance et de représentation attendue par les fidèles. C’est pourquoi Jésus a besoin de mettre en garde.

Il blâme le comportement des scribes parce qu’il cache une réalité terrible sous l’apparence du bien : « Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés ». Non, « tout ce qui brille n’est pas or ». Cette expression est très parlante, et on comprend combien une personne peut être déçu au moment où elle s’aperçoit, que ce qu’elle pensait être d’une valeur inouïe, se révèle être une pâle imitation de mauvais goût. Si l’expression est parlante d’un point de vue temporel, combien ça l’est davantage quand il s’agit de la foi qui est dévoyée !

Au-delà des apparences et des aprioris

Alors, où voir cette lumière véritable ? Comment ne pas nous tromper sur nous-mêmes et sur notre manière de juger des choses ?

Jésus nous invite à opérer un renversement complet de notre manière de discerner lorsqu’il affirme que « cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres ». L’obole de la femme de l’évangile est pourtant objectivement dérisoire : deux piécettes de monnaie ! Cela paraît misérable ! Et pourtant Jésus reconnaît la valeur qu’elle y apporte, elle y a mis de son « bios », elle a mis sa vie, elle a donné ce qu’il faut pour vivre. En quelque sorte elle rétablit la valeur de tous les sacrifices offerts dans le temple : la valeur du don est dans le fait de se donner. Finalement, l’obole de la veuve est l’expression de l’amour de Dieu pour elle et elle rend amour pour amour : c’est l’or de la foi qui brille de la lumière même de Dieu.

N’attendons pas d’être parfait

Certes Jésus, dans cet évangile, nous met en garde contre une forme de mondanité spirituelle, mais davantage encore il nous encourage à imiter cette pauvre femme qui vient se donner à Dieu telle qu’elle est, ici et maintenant, sans regarder à sa misère mais dans l’espérance de l’amour de Dieu pour elle.

C’est peut-être justement là que se situe la perfection de notre vie.

Père Philippe-Jacques de BENGY