Feuille d’information 15 au 21 décembre 2024
Aujourd’hui c’est jour de fête
Ces accents joyeux résonnaient de nouveau samedi dernier sous les voutes de Notre-Dame alors que s’avançaient dans la nef la Croix du Christ en gloire, suivie des oriflammes des 106 paroisses parisiennes ; image de l’Église en pèlerinage vers la Jérusalem céleste. C’est bien de cela dont il s’agissait : la reprise de la vie liturgique, « œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église » par laquelle est édifiée le Temple saint dont les fidèles sont les pierres vivantes (Const. Dogm. Sacrosanctum Concilium 7). L’enthousiasme suscité par cette réouverture s’est accompli dans la joie de la célébration du mystère de la foi.
Il y eut pendant ce week-end mémorable des paroles pour tous : de sorte que chacun a pu se sentir rejoint par un évènement qui – une fois n’est pas coutume – a uni le culturel et le cultuel, le profane et le spirituel, le politique et le religieux, la sensibilité humaine et la ferveur de la foi. N’était-ce là qu’une parenthèse dans une actualité nationale et internationale si inquiétante et triste ? Une éphémère euphorie ? Ou bien est-ce « le signe que la valeur symbolique et sacrée d’un tel édifice est encore largement perçue, du plus petit au plus grand » selon les mots du Saint-Père ? Un signe que toute vie humaine trouve son sens et sa destinée non pas en elle-même ni dans la consommation et la technologie, mais dans sa vocation à connaître et aimer le Dieu vivant et vrai.
Cet événement nous prépare à une autre joie qui viendra en son temps, la réouverture de notre église paroissiale dans quelques mois. Il nous reviendra de la célébrer dignement, avec probablement moins de chefs d’État, mais très certainement autant de cœur et de joie.
Ces restaurations sont l’image de l’œuvre de Dieu dans nos vies, œuvre de rédemption dans laquelle « rien de profane, d’inintelligible ni de vulgaire n’a sa place. » (Cf. Message du Pape François). C’est l’œuvre que conduit Dieu dans cet Avent qui nous donne de goûter à la joie de la pénitence : joie de s’arracher à nos « penchants mauvais » pour nous attacher au Roi des cieux. « Aujourd’hui, c’est jour de fête, grande joie au cœur de Dieu ». Le cœur de Dieu peut-il être en fête ? Cette prose parisienne serait-elle donc faite de paroles naïves alors que notre monde est encore en souffrance ? Ou bien témoigne-t-elle de la joie du salut qui s’accomplit lorsque Dieu vient dans faire sa demeure parmi nous ? La joie de l’Avent, célébrée particulièrement en ce 3e dimanche dit de Gaudete, éclate dans les paroles du prophète Sophonie : « Le Seigneur ton Dieu aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ». Cette joie vient de ce qu’il existe désormais un chemin de Dieu vers l’homme et de l’homme vers Dieu. Ce chemin s’appelle Jésus, promesse et accomplissement du renouvellement de ce monde. Ce chemin ne souffre pas d’un deuxième nom, celui de Marie, en qui se manifeste déjà avec éclat ce renouvellement !
Père Louis THIERS